Je suis déjà allée l’année dernière dans le Parc Naturel Régional de Loire-Anjou-Touraine et si tu veux savoir ce qu’il y a à faire là-bas je te laisse aller sur cet article.

Dans cet article, nous allons parler plus en profondeur du métier de naturaliste et plus particulièrement du travail de ces personnes dans ce parc.

Pour te donner une idée le Parc Naturel Régional de Loire-Anjou-Touraine c’est :

  • 2 Réserves naturelles régionales 
  • 41 Espaces naturels sensibles 
  • 12 Arrêtés de protection de biotope
  • 10 Sites Natura 2000

En LoireAnjouTouraine, la nature est omniprésente et parfois là où ne l’attend pas. Chauves-souris, rapaces ou encore orchidées. Le Parc vous invite à partir à la rencontre d’une biodiversité ordinaire ou extraordinaire. Une richesse qu’il a à cœur de préserver…

CARTE d’IDENTITE

https://www.parc-loire-anjou-touraine.fr/le-parc/la-carte-didentite-du-parc-naturel-regional

La BIODIVERSITE du Parc naturel régional Loire-Anjou-Touraine

Le Parc naturel régional Loire-Anjou-Touraine se distingue par sa grande diversité de milieux et notamment d’habitats naturels. Le territoire, majoritairement couvert par des espaces cultivés et forestiers, présente une variété importante de milieux naturels, disposés en mosaïque, dont certains sont remarquables. Paysage marqué par les vallées, le Parc est parcouru par de nombreuses rivières et cours d’eau. Une activité agricole abondante s’épanouit sur ces terres fertiles. Sur les plateaux, les sols plus arides accueillent la vigne mais aussi de belles forêts où les sentiers invitent à la promenade.

Le Parc se distingue donc par l’étendue de sa biodiversité. L’état non exhaustif des connaissances de sa biodiversité, réalisé en 2013, met en évidence plus de 2230 espèces végétales dont 58% des espèces du Centre-Val de Loire et près de 1000 espèces faunistiques connues, dont 870 jugées remarquables.

Cette diversité résulte d’une convergence entre trois grandes influences climatiques : atlantique, continentale et méditerranéenne. Elle est également le fruit d’équilibres anciens entre la répartition des espèces dans leurs milieux biologiques et les activités humaines.

Le territoire est reconnu d’importance pour la conservation des espèces suivantes : la Grande mulette, les grands oiseaux des systèmes agricoles ou forestiers, les chauves-souris, les plantes des moissons…

Le travail des naturalistes dans ce parc

1. Suivi ornithologique : observation à vue et écoute

Comment les naturalistes du parc travaillent 

Pour connaître l’état des populations de ces différentes espèces, il faut les recenser régulièrement. Pour les oiseaux, deux sens sont mis à contribution : la vue et l’ouïe. L’écoute des chants/cris d’oiseaux est essentielle pour inventorier les espèces les plus discrètes et farouches. C’est le cas du Râle des genêts qui reste caché dans l’épaisse végétation des prairies. Sa présence est trahie par le chant du mâle en période de reproduction (à partir d’avril-mai jusqu’en juillet voire août), un son râpeux « Crex crex » qui a donné à l’espèce son nom scientifique. Le mâle chante généralement en soirée et en début de nuit. Il faut donc savoir écouter, reconnaître, mais aussi sortir au bon moment dans la saison et dans la journée ! Même chose pour la Locustelle tachetée, discrète et qui chante plutôt la nuit.

Pour stimuler les mâles à chanter, on peut avoir recours à la repasse, technique qui consiste à passer un chant enregistré sur un transistor pour provoquer une réponse. Technique à utiliser avec parcimonie. Pour le Râle des genêts : on teste la bioacoustique : on enregistre avec un micro-canon le chant des oiseaux pour l’analyser ensuite. Chaque individu à une signature vocale qu’on essaie d’identifier pour apprendre des choses sur l’oiseau.

L’observation à vue est complémentaire, par exemple pour les oiseaux de passage (en migration, en vol, etc.) ou hivernants. Car les oiseaux ne chantent pas toute l’année (ils chantent pour 2 choses : défendre leur territoire et attirer les femelles) et pas tout le temps !
L’observation se fait à l’aide de jumelles ou longues-vues. Elle permet aussi d’apporter des informations intéressantes comme la distinction mâles/femelles/jeunes, provenance (quand l’individu est bagué on peut retracer son pedigree). Le Tarier des prés a bénéficié d’un programme de baguage il y a quelques années -> donne des infos sur espérance de vie des oiseaux, leur fidélité au site de naissance…

D’autres techniques existent pour des espèces particulières comme la détection thermique par infra-rouge avec des drones (tests en cours sur le Râle). Débat quant au dérangement ! On pourra tenter d’en observer un sur place à la longue-vue, aucune garantie de succès !

Pourquoi effectuer ce travail 

Le Parc coanime ce site depuis plus de 10 ans pour la conservation des oiseaux. La plupart des oiseaux sont en chute alarmante des effectifs. Même nos moineaux
domestiques et nos hirondelles ont perdu plus de 80% de leur population ces dernières décennies. On ne s’en rend pas forcément compte car ces espèces sont encore là, mais en quantité bien moindre. Le recensement régulier des espèces permet de percevoir ce phénomène et de tirer la sonnette d’alarme !
Les oiseaux des prairies sont parmi les plus menacés. Notre rôle est d’essayer d’enrayer ce déclin, à notre petite échelle. Un travail est réalisé avec les agriculteurs en particulier pour limiter mortalité des oiseaux en période de reproduction : utilisation d’une barre d’envol, fauche tardive, mise en place de zones refuges… les contrats agricoles sont activés pour indemniser les exploitants par rapport à la perte de production fourragère. On encourage aussi le maintien de l’élevage qui permet de garder les prairies et les haies de frênes têtards.
Pour les techniques de détection des oiseaux, etc. : la repasse est réalisée par des professionnels. Eviter d’y avoir recours hors protocole pour ne pas déranger les espèces protégées. On observe en tenant compte de cette notion de dérangement, pour éviter de faire du mal sans le vouloir !

2. Suivi de lépidoptères

Comment les naturalistes du parc travaillent 

Pour connaître l’état des populations de ces différentes espèces, il faut les recenser régulièrement. Pour les papillons de jours (les Rhopalocères), l’observation à vue est privilégiée. L’emploi d’un filet peut s’avérer nécessaire quand on a un doute sur le nom de l’espèce à identifier. Plusieurs protocoles de suivis existent. Ils sont adaptés en fonction de ce que l’on cherche à savoir (ex : quantification précise d’une espèce sur la saison, nombre d’espèces présentes sur un espace donné, etc.). On peut par exemple réaliser des transects (linéaires parcourus plusieurs fois dans la saison), faire un recensement exhaustif d’une espèce sur un espace par capture-marquage-recapture, faire un « chronoventaire » (on compte le nombre d’espèces maximum observées sur une plage de temps donnée) …
Pour les papillons de nuit, ce sont d’autres méthodes : pose d’un drap blanc et d’une lampe UV spéciale pour attirer les espèces actives la nuit. Pour déterminer certaines espèces, le prélèvement d’échantillons est parfois nécessaire. A titre d’info : 253 espèces de papillons de jours en France (5000 en comptant les papillons
de nuit !), 107 papillons de jours en Indre-et-Loire.

Pourquoi recenser les papillons ?

Sensibles aux modifications d’habitat et à la présence de plantes sauvages, les papillons sont des indicateurs de l’état du milieu à l’échelle du paysage. Certaines espèces sont spécialistes d’un habitat précis et d’autres colonisent tous les milieux, celles-ci sont dites généralistes. Les Lépidoptères (papillons) font également partie des pollinisateurs avec les Hyménoptères (abeilles, bourdons), les Diptères (syrphes, mouches) et certains Coléoptères.

Pourquoi effectuer ce travail 

La vie des papillons est étroitement liée à la flore : chaque espèce a sa plante ou son groupe de plante de prédilection. Donc pour connaître et préserver une espèce, il faut s’intéresser aussi à la botanique !
La diversité des papillons est donc directement liée à la richesse de la végétation : une mosaïque de milieux (forêts, prairies, haies, landes, etc.) préservés les favorisent. Même nos moineaux domestiques et nos hirondelles ont perdu plus de 80% de leur population ces dernières décennies. On ne s’en rend pas forcément compte car ces espèces sont encore là, mais en quantité bien moindre. Le recensement régulier des espèces permet de percevoir ce
phénomène et de tirer la sonnette d’alarme !
Les papillons sont globalement menacés. Nombreuses causes : pesticides, disparition des habitats, homogénéisation et intensification des pratiques agricoles ou forestières, urbanisation… le mode de gestion des espaces est un facteur clé. En cherchant à protéger les papillons, on préserve aussi des milieux abritant nombre
d’autres espèces : notion d’espèces « parapluie ».

On entend souvent « quand j’étais jeune, on voyait beaucoup de papillons, d’insectes ». Chaque citoyen peut agir concrètement, il ne faut pas se résigner, il y a des solutions à appliquer jusqu’à son bout de jardin. Rendons nos jardins et espaces verts plus accueillant pour la biodiversité ! Pour les papillons par exemple, laissons de petites zones refuges non tondues durant le printemps / l’été pour que les plantes fleurissent, arrivent à maturité pour accueillir les papillons et les chenilles qui accompliront leur cycle. Laissons un peu de place aux « mauvaises herbes » qui n’en sont pas pour beaucoup d’insectes. Ex : l’ortie accueille au moins 4-5 espèces de papillons de jours dont le Vulcain, le Pao du jour, la Petite tortue…
Les pelouses ultra tondues (« green de golf ») sont certes vertes mais de véritables déserts pour les invertébrés !!
Des protocoles de recensement simplifiés sont à disposition des particuliers pour inventorier les papillons des jardins. Au niveau agricole ou sylvicole, la date de fauche peut être un facteur déterminant. Le Parc apporte des conseils aux exploitants et propose des contrats pour prendre en compte certaines espèces. Ex : adaptation des dates de fauche dans les pares-feux en forêt pour
protéger l’Azuré des mouillères.

4. Indentification et relevé des plantes patrimoniales pointées au GPS

Comment les naturalistes du parc travaillent 

L’action consiste à suivre l’état de conservation des espèces patrimoniales et essentiellement les espèces floristiques jugées à haute valeur patrimoniale dans le
diagnostic écologique de 2010. Cette action est réalisée tous les ans depuis 2015 par une visite de terrain sur 2 journées. Ainsi, toutes les données numérisées et géoréférencées depuis le début, ont pu être compilées et retravaillées pour former sur chaque espèce (8) :

  • une carte de localisation par maille de 20mX20m des stations de présence et
    de leurs occurrences (présence occasionnelle à permanente)
  •  une analyse de l’évolution des populations depuis 2015 basée, selon les
    espèces, par un suivi surfacique ou quantitatif (nombre de pieds) ;
  • des préconisations de gestion avec des solutions techniques facilement adaptables sur le terrain.

Le suivi de l’année 2020 est marqué par l’impact des travaux hydrauliques qui ont eu un effet sur la répartition des espèces de la flore patrimoniale du marais : augmentation assez nette de certains taxons très rares comme Schoenoplectus tabernaemontani et Juncus subnodulosus. Ce suivi met en avant des préconisations pour les prochaines années.

5. Pose de photo pièges de jour pour inventaire nocturne de faune

Parmi les espèces revues, les photos pièges ont permis de révéler la présence régulière de la Loutre d’Europe. En tout état de cause, cette découverte met en avant la valeur écologique du site et sa capacité à fournir une ressource alimentaire pour cette espèce. Le suivi fait par photo-piégeage depuis 5 ans environs, permet de mettre en avant la coïncidence de retour de cette espèce avec les effets des travaux de restauration du marais réalisés en 2020. En effet, l’amélioration des habitats palustres de la réserve et la réouverture des cours d’eau favorisant les migrations piscicoles sont autant d’éléments favorables pour le retour de la Loutre d’Europe.

J’espère sincèrement que la vidéo Youtube que vous pouvez retrouver ici et cet article qui rentre plus en profondeur sur ce travail incroyable, vous aura donné envie de visiter cet endroit de France qui me tien particulièrement à coeur depuis plus d’un an.

Vous pouvez aussi réserver une sortie avec un naturaliste pour en apprendre plus et aller à la rencontre de la biodiversité avec un professionnel ici :

https://www.parc-loire-anjou-touraine.fr/destination-parc/la-maison-du-parc-montsoreau

En collaboration avec le Parc Naturel Régional de Loire-Anjou-Touraine

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